Brigode : ses Hommes "remarquables"

Parce que BRIGODE, c'est:
- une actualité,
- une histoire
- et des Hommes,

vous trouverez ci-dessous l'article de la Voix du Nord paru la semaine dernière et consultable sur internet.


"Philippe Motte, l'homme par qui Brigode et une certaine image de la ville sont arrivés"


VILLENEUVE-D'ASCQ A QUARANTE ANS |
Il est le petit-fils d'un maire emblématique de Roubaix, dont le nom incarne, avec d'autres, la puissance industrielle de la cité aux mille cheminées. Mais lui, Philippe Motte, continue d'inspirer, à 72 ans, une certaine image de la ville nouvelle, innovante et audacieuse, qu'il a contribué à créer à la tête de la SEDAF.
PAR LAURENT WATIEZ

Au milieu des années soixante, en France, personne n'était au chômage. Ou presque. Car Philippe Motte, pourtant bien né dans une famille vouée au textile, subit les affres d'une fermeture d'entreprise dont il avait la charge. « J'ai trouvé que c'était une expérience curieuse, pénible », lâche le jeune retraité, tout flegme britannique dehors. Le garçon, diplômé d'HEC Paris, ne met pas longtemps à rebondir. Déjà marié et père d'un enfant à 28 ans, il tisse des liens avec un groupe de jeunes patrons, dont l'objectif est d'attirer dans le Nord des cadres, « et leurs épouses », à travers un ensemble résidentiel de bonne tenue. Avec sept dirigeants, il crée la SEDAF, dont il devient « le premier ouvrier ». Autrement dit le boss. Au même moment, le comte de Montalembert vend les 170 hectares qu'il possède dans la commune.
Philippe Motte fait alors connaissance avec l'Établissement public d'aménagement de Lille Est (EPALE), en pleine réflexion sur la future ville nouvelle. « Ils nous ont bloqué directement une soixantaine d'hectares, au motif qu'ils souhaitaient maîtriser des terrains, notamment pour le lac du Héron », s'amuse celui qui réside toujours à Ascq, dans une ferme contemporaine. A l'époque, l'administration centrale est, disons, autoritaire. « Surtout en la personne de son directeur, Jean-Claude Ralite, un jeune polytechnicien de qualité, mais très sûr de lui. » Nonobstant, le courant passe plutôt bien entre la SEDAF et l'EPALE. « Nous étions en phase avec la tendance architecturale définie, en matière d'avant gardisme et d'innovation », apprécie Philippe Motte. Qui se souvient d'une réunion cocasse dans l'ancien château du comte de Montalembert, en mai 1968. « On faisait la révolution à Paris et ici, nous établissions des études de marché autour d'un golf résidentiel ». La centaine de clients potentiels réclame du reste une architecture « traditionnelle, d'esprit néoflamand ». Mauvaise pioche, elle aura du « contemporain d'inspiration danoise affirmée ». La « faute » à un quintet d'architectes non conformistes, bientôt salués dans tout le pays : Gérard Deldique, Ludwig Peretz, Maurice Salembier, Yacek Sawicki et Jean-Pierre Watel. Avec eux, Philippe Motte laisse libre cours à l'imagination, dans le plus pur esprit des années soixante-dix. Cinq programmes plus tard, Brigode a respecté à la lettre le cahier des charges : pas plus d'un logement pour 2 500 m² de terrain. « Un véritable gâchis foncier », estime aujourd'hui l'ancien patron de la SEDAF, pour lequel une ville doit au contraire travailler la densité de l'habitat. Comme au hameau du château, par exemple, dessiné par Jean-Pierre Watel en 1973 et salué alors comme le plus dense de France. Au total, Philippe Motte a produit à Villeneuve-d'Ascq près de 2 000 logements, sans parler des bureaux. Toujours avec le souci de concilier l'innovation et le développement durable, « une notion qui n'est apparue réellement que dans les années 2000 ». La SEDAF a aussi essaimé à Cergy, Evry, Marne-la-Vallée et Melun-Sénart, soit les quatre villes nouvelles de la région parisienne. « On reconnaît facilement l'image de la SEDAF », s'enorgueillit le marathonien, d'autant plus à l'aise pour l'affirmer qu'il est retiré des affaires depuis deux ans. •



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